Le Salat et le Volp sont deux affluents rive droite de la Garonne. Ils diffèrent cependant par la configuration de leur bassin et par la dynamique de crue qu’ils engendrent.
Le bassin du Salat est constitué de deux grands ensembles morphologiques :
• En amont de Saint-Lizier, les vallées ont des pentes élevées limitant la largeur des champs d’expansion des crues ;
• En aval de Saint-Lizier, la pente diminue et les champs d’expansion s’élargissent.
Il est sujet aux phénomènes de transport solide en crue, tels que l’érosion des sols, des berges, et la formation d’embâcles, pouvant entraîner des dégâts et des destructions.
Le Salat reçoit plusieurs affluents parfois montagnards :
• En rive gauche : Le Lez, recevant lui-même les eaux de la Bouigane, l’Arbas ;
• En Rive droite : l’Alet, le Garbet, l’Arac, le Baup et le Lens.
Le Salat possède un régime hydrologique de type pluvio-nival de transition, influencé par les précipitations et la fonte des neiges. Des débits assez importants peuvent être observés dès l’automne dus aux précipitations et le maximum des débits s’observe au printemps lié à de très fortes précipitations auxquelles s’ajoute la fonte des neiges. Les basses eaux s’observent d’août à octobre. Les fortes pentes sont nombreuses et confèrent au régime des crues, des caractéristiques montagnardes affirmées, réduisant l’anticipation sur l’amont du bassin. La seule station de prévision Vigicrues du bassin est située à Saint-Lizier.
Le bassin du Volp couvre quant à lui une superficie de 137 km² répartie entre le Couserans et le territoire du Volvestre. Le Volp s’écoule sur 40 km et traverse douze communes. Son régime hydrologique est dominé par trois saisons : étiage estival, reprise automnale des ruissellements, et débits soutenus en hiver et printemps.
C’est environ 300 bâtis qui sont concernés par le risque inondation, principalement localisés sur les communes de Sainte-Croix-Volvestre (09) et Le Plan (31).
En Ariège et Haute-Garonne, on distingue deux principales situations météorologiques à l’origine des crues :
• Les phénomènes pluvieux régionaux généralisés (océaniques ou pyrénéens) advenant préférentiellement de septembre à juin (juin 1875, mai 1977) ; ils sont consécutifs soit à un anticyclone sur le golfe de Gascogne ou l’ouest de l’Espagne et de dépressions entre l’Europe Centrale et l’Italie (phénomène océanique), soit à un anticyclone sur l’Europe Centrale et Balkanique et une dépression sur le centre et le Sud de la France alors que le vent de Sud-Est, humide et chaud, peut impulser un caractère orageux aux précipitations.
Ils engendrent trois types de crues :
• « Crues océaniques classiques », d’hiver, de faible intensité mais de longue durée se produisant entre fin novembre et fin mars, avec des cumuls de pluie de l’ordre de 150-200 mm en 4-5 jours (février 1952, janvier 2022). Les inondations sont étendues et durables à l’aval ;
• « Crues océaniques pyrénéennes », de printemps, qui ont lieu entre le 15 avril et le 15 juillet, déclenchées par des pluies, atteignant 200mm en 48h, tombant dans les bassins exposés au NW. Ce sont les plus importantes, les plus brutales, les plus dommageables : 23 juin 1975 ;
• « Crues méditerranéennes » d’automne qui se produisent entre septembre et début novembre, sous l’effet de violentes averses convectives par vents du SE, qui affectent surtout les Cévennes (crue dite cévenole »). Ce type de phénomène météorologique peut déborder sur la chaine pyrénéenne, notamment en Ariège comme en octobre 1937 et novembre 1982 avec des inondations dévastatrices à Salau (Couflens) où l’on observa un cumul de pluie de 213 mm en 24h .
• Les phénomènes pluvio-orageux convectifs multicellulaires, qui peuvent être très violents avec des secteurs de concentration pluviométriques aléatoires suivant la dynamique de régénération des cellules ; ceux-ci surviennent préférentiellement entre mai et juillet sur le Sud-Ouest du pays et notamment sur le piémont pyrénéen du Pays basque à l’Ariège.
Source : https://www.infoclimat.fr/historic-recherche-ville-couflens-3023310.html / Gazelle F., (1984). Pluies exceptionnelles de novembre 1982 dans le Midi de la France, p. 79. Travaux du Laboratoire de Géographie Physique Appliquée, n°8,1984. Persée, : https://www.persee.fr/doc/tlgpa_0249-647x_1984_num_8_1_896
L’effet orographique pyrénéen, bien que sensible sur le Plantaurel lors des épisodes océaniques, n’est pas forcément prédominant pour les épisodes orageux estivaux. Ceux-ci peuvent se produire avec des configurations et localisations variables affectant tout ou partie du bassin selon la circulation et la dynamique des cellules les plus actives.
Les plus grandes crues historiques sont des crues océaniques pyrénéennes de fin d’hiver et de printemps. Certaines grandes crues historiques sont aussi à caractère orageux, de type méditerranéen, et interviennent en saison estivale ou en automne (juin 1875, octobre 1897, mai 1977, octobre 1992 et plus récemment janvier 2022).
Crues les plus marquantes du bassin du Salat
Les facteurs qui sont à l’origine de ces événements n’ont pas significativement évolué depuis 50 ans et sont dus à :
• Des pluies pouvant être longues et abondantes, se combinant avec la fonte nivale ou des pluies localisées de forte intensité, qui génèrent des débits élevés,
• Des pluies qui se propagent vers l’aval en suivant l’hydrographie,
• Des crues à caractère torrentiel qui disposent rarement de bassins tampon,
Les crues récentes ont permis de rappeler la réalité du risque inondation, comme en juillet 2018 lors des orages qui se sont abattus sur la partie aval du bassin (Salat et Volp) et plus récemment en janvier 2022 (crue de période de retour 30 ans du Salat aval) ou juin 2023 (le Goutas à Salies).
Vous avez connaissances de repères de crue sur des façades de bâtiments, vous avez des photos d’archive d’inondations passées ? Faites-le nous savoir. Contactez-nous au 05.34.14.01.73. ou par mail : f.daupras@salatvolp.fr
2 – La vulnérabilité du territoire
Les études récentes menées sur les bassins versants du Salat et du Volp ont permis d’améliorer nos connaissances sur le risque inondation et sur le degré de vulnérabilité des villes et villages, bâtiments et route. Ainsi :
En zones inondables de la crue centennale (exemple 1875) :
Salat :
5305 logements en zone inondable de la crue centennale (25 % des habitants du bassin) ; 2203 entreprises, 2 sites inscrits, 2500 ha de surface agricole.
Volp :
environ 300 bâtis
Réseau routier concerné :
20 % (100km environ) des routes importantes du bassin du Salat sont inondables. Les communes ayant une proportion de route inondée la plus élevée sont :
• Prat Bonrepaux (74%)
• La Bastide-du-Salat (66 %)
• Engomer (63 %)
• Caumont (50%).
BV du Salat :
• Saint-Girons, Salies-du-Salat, Prat-Bonrepaux et Lorp-Sentaraille concentrent 54 % de la population du bassin du Salat (de Saint-Girons à sa confluence avec la Garonne) vivant en zone inondable.
• 5 communes ont plus de la moitié de leur population totale en zone inondable :
• La Bastide-du-Salat : 94 % ;
• Prat-Bonrepaux : 89 % ;
• Taurignan-Vieux : 85 % ;
• Gajan : 75 % ;
• Lacave : 62 %.
Les villes qui présentent le plus de bâtiments avec un niveau de vulnérabilité élevé aux inondations se situent à Saint-Girons, à Salies-du-Salat et Prat-Bonrepaux (voir carte).
Les têtes de bassin présentent moins d’enjeux que dans la partie aval de Saint-Girons. Cependant les phénomènes de crues torrentielles peuvent être dévastatrices et meurtrières (comme ce fut le cas dans la commune de Couflens) par le transport de matière solide qui les accompagnent. Ces événements sont très difficiles à anticiper.
BV du Volp :
Deux principaux secteurs sont vulnérables par ordre décroissant de vulnérabilité : Sainte-Croix-Volvestre et Le Plan.
Carte des biens en zone inondable (SSV, 2024)
Niveau de vulnérabilité des bâtiments en zone inondable (SSV, 2022)